Selon le droit suisse, la fourrure est la peau d'un mammifère pourvue de ses poils. Un produit en fourrure est un article fabriqué en fourrure ou contenant de la fourrure.

L'initiative "Oui à l'interdiction d'importer des produits en fourrure fabriqués dans des conditions de cruauté envers les animaux (initiative sur la fourrure)" demande une interdiction générale des importations de fourrures et de produits en fourrure.

Oui, en principe, la transformation d'animaux en produits à base de fourrure provenant de la chasse ordinaire est autorisée en Suisse.

Mais depuis l'introduction de barrières légales élevées, les fermes à fourrure ne sont plus exploitées en Suisse, car elles ne sont pas rentables.

En Suisse, pratiquement toutes les méthodes utilisées pour produire les fourrures importées sont considérées comme cruelles pour les animaux et sont interdites. Il s'agit de fermes à fourrure telles qu'elles existent en Chine et en Europe du Nord ou de l'Est. Les animaux sont souvent isolés et gardés dans de petites cages métalliques. Mais des méthodes de capture cruelles, comme les pièges à mâchoires, les pièges à collet ou les pièges à mort, sont encore pratiquées.

La législation suisse régit les questions liées à la détention, à l'élevage et à l'abattage des animaux. Les différentes lois et ordonnances sont édictées sur la base des connaissances scientifiques actuelles, tout en tenant compte des intérêts des détenteurs et des producteurs d'animaux. L'un des principes de la loi suisse sur la protection des animaux est que personne ne peut infliger de manière injustifiée des douleurs, des maux ou des dommages à un animal, ni le mettre dans un état d'anxiété, ni manquer de quelque manière que ce soit à sa dignité. Le fait que l'importation de fourrures provenant d'animaux maltraités et détenus de manière cruelle soit toujours autorisée est une moquerie envers l'animal et notre législation et témoigne d'une grande hypocrisie. Il faut enfin y mettre un terme.

Dans sa réponse à la motion 19.4425 "Interdiction d'importer des produits en fourrure fabriqués de manière cruelle pour les animaux" du conseiller national Matthias Aebischer, le Conseil fédéral a expliqué le 19 février 2020 qu'une telle interdiction serait difficile à mettre en œuvre, car il n'existe pas de définition internationale de la cruauté envers les animaux. Elle nécessiterait également des contrôles coûteux sur le terrain pour déterminer comment les fourrures sont produites. Mais contrairement à ce qu'annonce le Conseil fédéral, la mise en œuvre d'une interdiction n'est ni compliquée ni coûteuse. L'OMC a également une définition claire. Si quelque chose va à l'encontre de la moralité publique - ce qui concerne clairement l'obtention de fourrures par des méthodes cruelles pour les animaux -, une interdiction d'importation peut être prononcée.

Dans un article de 2009 de "Tier im Recht", il est expliqué qu'une interdiction d'importation est tout à fait compatible avec le droit de l'OMC / GATT. Selon la compréhension du droit suisse, les méthodes habituelles d'obtention de la fourrure signifient dans l'ensemble clairement des actes de cruauté envers les animaux et touchent ainsi à la moralité publique au sens de l'art. XX lettre a du GATT. Une interdiction d'importation ne contreviendrait pas non plus à la disposition dite "Chapeau" de l'art. XX du GATT, ce qui remplit toutes les conditions de l'art. XX lettre a du GATT seraient remplies. Une interdiction suisse des importations de produits en fourrure serait donc conforme aux règles de l'OMC. Aujourd'hui déjà, le Conseil fédéral aurait la compétence - sur la base de la loi sur la protection des animaux (LPA) - d'interdire l'importation de tels produits, car l'article 14, alinéa 1 de la LPA stipule : "Le Conseil fédéral peut, pour des raisons de protection des animaux, soumettre à des conditions, restreindre ou interdire l'importation, le transit ou l'exportation d'animaux et de produits animaux". La Suisse a déjà imposé par le passé des interdictions d'importation (de peaux de chat et de chien ainsi que de produits dérivés du phoque), c'est pourquoi de nouvelles interdictions d'importation ne devraient pas poser de problèmes.

Environ 100 millions d'animaux sont tués chaque année dans le monde pour leur fourrure - dont 37 millions dans l'Union européenne.

Un recensement effectué dans les fermes à fourrure européennes en 2018 a permis de dénombrer 34,7 millions de visons, 2,7 millions de renards, 166 000 ratons laveurs et 227 000 chinchillas.

Chaque année, environ 350 tonnes de fourrure sont importées en Suisse sous forme de peaux d'animaux entières ou de vêtements et d'accessoires finis (1). Cela correspond à environ 1,5 million d'animaux tués uniquement pour leur fourrure. (1) 306'079 kg en 2020, 365'256 kg en 2019 et 384'672 en 2018.

Plus de la moitié des fourrures importées proviennent de Chine, où les animaux sont détenus et abattus dans des conditions épouvantables - ils sont souvent écorchés vifs.

Les autres producteurs importants qui importent de la fourrure en Suisse sont : Danemark, Russie, Finlande, États-Unis, Pays-Bas, Norvège et Pologne.
22 autres pays exportent également de la fourrure vers la Suisse (4).

(1) Sondage de l'ONG Humane Society International (HSI), réalisé en 2020 après la visite d'une douzaine de fermes à fourrure chinoises.

https://www.hsi.org/news-media/fur-farm-investigation-reveals-distressed-foxes-raccoon-dogs-electrocuted-in-agony-and-fur-farm-carcasses-sold-for-human-consumption/

(2) Avec le renforcement de la législation en 2017, qui a rendu les fermes à fourrure non rentables, le dernier producteur de fourrure a mis la clé sous la porte en 2019.
(3) Six des neuf Länder autrichiens ont interdit l'élevage d'animaux à fourrure.
(4) Le volume des importations représente moins de 1 % pour chacun de ces 22 pays.

En 2015, la télévision suisse SRF a pu filmer un élevage de visons, considéré comme un "modèle" par l'industrie de la fourrure. Les images montrent cependant des conditions d'élevage déplorables. Les journalistes ont alors filmé d'autres fermes sans être annoncés, révélant la réalité dramatique de la vie de millions de visons d'élevage.

https://www.swissinfo.ch/fre/commerce-de-la-fourrure_une-vie-de-vison-dans-une-ferme-danoise/41269508

La fourrure est certes présentée comme un produit "naturel", bien que son traitement nécessite un processus chimique hautement toxique et que le produit final n'ait plus rien à voir avec un produit naturel. La peau brute d'un animal est traitée avec un mélange de produits chimiques afin de protéger la fourrure contre la détérioration et la décomposition. D'autres produits chimiques sont ensuite utilisés pour que la fourrure conserve sa souplesse. Ces produits chimiques doivent ensuite être éliminés et se retrouvent souvent dans les eaux environnantes. On estime que 80 à 85 % des fourrures proviennent d'élevages d'animaux à fourrure, où l'élevage, l'alimentation et la reproduction nécessitent de grandes ressources et ont un impact considérable sur l'environnement. Pour nourrir ses élevages de renards, la Finlande consomme environ 80 millions de kilos de maïs et près de la moitié [AR1] de ses prises de harengs. Les excréments de plusieurs millions d'animaux captifs qui tombent à travers les fonds grillagés, les bains et les traitements chimiques des peaux polluent l'environnement et les eaux.

La fourrure était un produit d'appoint bienvenu issu de la chasse pour se nourrir et était utilisée pour se protéger du froid. Avec le développement de notre civilisation et la prospérité des derniers siècles, la fourrure est devenue un pur produit de luxe. Aujourd'hui, il n'y a plus de raison de porter de la fourrure. Les textiles modernes ont depuis longtemps de meilleures propriétés que la fourrure naturelle. L'achat de produits en fourrure n'est plus motivé que par des raisons égoïstes. Les images terribles montrant comment les animaux devaient souffrir pour la production de fourrure ont contribué à ce que les consommateurs se détournent de plus en plus de l'achat de fourrure depuis les années 1980. Depuis quelques années, cette tendance est malheureusement en train de changer et les fabricants travaillent de nouveau de plus en plus la fourrure pour en faire des accessoires, comme des cols de fourrure, des gants, des bordures ou encore des meubles et des objets design. Ainsi, la fourrure est aujourd'hui à la portée de tous. Pour les animaux, les souffrances horribles qui leur sont infligées sont toujours les mêmes.

Selon l'ordonnance, depuis 2013, les fourrures et les produits en fourrure vendus en Suisse doivent être déclarés de manière visible et facilement lisible, afin que les consommateurs soient suffisamment informés sur l'espèce, l'origine et le mode d'élevage/de récolte. Huit ans après son entrée en vigueur, l'obligation de déclaration n'est toujours pas suffisamment appliquée.

Dans son dernier rapport du 9 novembre 2021, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) déplore que près de 80% des magasins contrôlés ne respectent pas les dispositions en vigueur.
Pour l'OSAV, "le taux de contestation élevé indique que la déclaration des fourrures n'est toujours pas correctement appliquée par de nombreux points de vente et que les connaissances dans la branche restent très lacunaires".

https://www.blv.admin.ch/blv/de/home/das-blv/auftrag/vollzug/pelzdeklaration.html

De nombreux pays et villes ont déjà interdit les importations. Ainsi, à Los Angeles, la vente d'articles en fourrure a été totalement interdite. Le site web de PETA présente une liste détaillée des pays et des villes.

https://www.peta.de/themen/pelzverbot/